Plus de peur que de mal. La vague de manifestation de l'ensemble des communautés riveraines de la Socapalm du 14 novembre a finalement eu lieu. Plusieurs jours après l'épilogue des mouvements de revendication, quel peut en être le bilan et quelles en sont les perspectives?
La manifestation publique du 14 novembre : un mouvement au bilan mitigé
Selon l'avis de certains acteurs proches de la SYNAPARCAM (association initiatrice et porteuse de l'action) et de certains observateurs indépendants, la manifestation du 14 novembre dernier, bien qu'ayant déchainé les passions et suscité l'attention de l'opinion publique nationale et internationale sur le sort des populations riveraines de la Socapalm, n'est pas allé au-delà des espérances.
- Les objectifs atteints malgré une programmation défavorable à un rassemblement de masse
Il faut dire ici que le fait que la marche pacifique se soit tenue un Lundi, jour ouvrable, n'a pas été un facteur avantageux. Ce premier jour de la semaine, qui plus est en matinée, est un moment où la plupart de la population active est sollicitée. De ce fait, on peut aisément comprendre que la participation des uns et des autres s'en est trouvé limitée. Néanmoins, les populations ont répondu présents ! Jeunes, vieux, femmes, hommes, tous ensemble, ont battu le bitume pour les uns, et la poussière pour les autres pour faire entendre leurs doléances , même si on a pu constater l'insatisfaction des uns et des autres quant à la durée de cette activité sous très haute surveillance des autorités administratives, communales, de police, et même de la Socapalm.
une attente sous haute tension
- Les autorités administratives entre le marteau et l'enclume
Chargée d'encadrer la manifestation publique qu'elle a elle-même autorisée, l'administration n'a pas manqué de faire sentir sa présence dès les premiers instants du rassemblement des troupes. A Dibombari, le commissaire, sous hautes instructions du Sous-préfet de Fiko Bonaléa, a interdit aux manifestants de marcher sur la nationale n°5 ( axe Bekoko - Pont du Nkam - Bafang - Bandjoun). Ce dernier recommandant aux populations d'aller manifester directement devant les locaux de la Socapalm/antenne Dibombari. Bien que cette intervention ait créé du remous chez les manifestants, ces derniers, respectueux de la légalité et de l'autorité publique, se sont exécutés. Cette preuve de bonne volonté et de civisme de la part des riverains n'est pas resté sans conséquence puisque quelque temps après, le même commissaire revient auprès des manifestants, porteur de la "bonne" nouvelle selon laquelle le sous-préfet désire rencontrer personnellement les leaders de la marche plus tôt que convenu. Chose promise, chose due. Ladite rencontre a effectivement eu lieu à la fin de la marche, et les leaders ont pu alors remettre aux mains du Sous-préfet une lettre contenant les doléances des populations. Si au départ on a assisté à une attitude intimidante des pouvoirs publics, il faut dire que le climat s'est vite apaisé par la suite et le dialogue (ré)instauré entre l'administrateur et ses administrés.
Les doléances mises en première ligne
- Le relai médiatique , une source de satisfaction
Si la manifestation publique du 14 novembre n'est pas la première du genre, elle est sans aucun doute la première à avoir fait autant d'émules. Hormis les caractères organisationnel et matériel qui ont été de qualité, l'aspect communicationnel a tenu toutes ses promesses, voire au-delà. Les médias de la presse audiovisuelle et écrite, nationales et internationales, les sites internet ainsi que les réseaux sociaux, ont porté plus haut que jamais, l’étendard du mouvement pour la défense des droits des populations riveraines de la Socapalm. France 2, France 24, Équinoxe TV, etc... sont les quelques vitrines par lesquelles le monde entier a pu admirer l'éveil des riverains face aux malfaçons du géant de agro-industrie camerounaise.
Photo de famille des manifestants
Les perspectives : que peut-on envisager pour la suite?
S'il y a une chose qui est certaine, c'est que la manifestation du 14 novembre dernier n'avait pas pour but d'animer la galerie. Celle-ci était l'occasion pour les populations riveraines de la Socapalm de montrer leur mécontentement vis à vis d'une situation cocasse qui n'a que trop duré. Abusées, ignorées, oppressées et déshumanisées, celles-ci ont décidé de marquer d'une pierre blanche une journée tout à fait ordinaire par un acte de courage extraordinaire : Se lever, non pas seulement pour dire NON, mais également pour dire oui. OUI au respect des obligations contenues dans la Convention de cession, OUI au respect des dispositions du bail emphytéotique et de son Avenant, etc. C'est un OUI à l'espoir que les populations riveraines de la Socapalm ont voulu exprimer, résistant ainsi à la séduction de la violence et de la peur. Si on peut cependant éviter la récupération de ce genre d'action à des fins autres que celui du bien-être de ces braves personnes qui en bavent quotidiennement du fait de leur voisinage avec la Socapalm, il est fort à parier que l'horizon pour ces derniers pourrait s'éclaircir davantage au fur et à mesure de l'insistance, de la persévérance et de la ténacité.