Les arguments côté Socapalm pour justifier la hausse
Pour légitimer son désir d'augmenter le prix de cession de l'huile de palme, la Socapalm, a usé de plusieurs prétextes parmi lesquels :
- La chute des cours mondiaux de l'huile ;
- La hausse des facteurs de production au détriment du prix du produit (prix inchangé depuis 2008) ;
- La hausse des charges sociales ;
- Le coût élevé des intrants agricole ;
- Le coût élevé du transport et de l'achat du matériel industriel ;
- Les nouvelles exigences environnementales coûteuses ;
- Le prix en hausse des prix à l'importation.
C'est donc au regard de tous ces éléments que le DG de la Socapalm, "soucieux du bien être son entreprise, de ses clients et des consommateurs", a sollicité cette augmentation, ceci dans le but :
- D'étendre les sites de production ;
- De replanter les vieilles plantations ;
- De doubler la chaine de production ;
- D'accroître l'offre en huile de palme sur le marché local.
Toutes ces mesures pour, à terme, booster la production et retourner progressivement à la situation initiale d'avant augmentation. De très beaux arguments ! mais sont-ils crédibles ? Que cache cette demande d'augmentation? et à quoi va t-elle réellement servir?
Noix de palme provenant des plantations de la Socapalm
La véritable raison de la demande d'augmentation
Bien loin de ce qui a été avancé par la direction générale de la Socapalm pour justifier sa demande d'augmentation, il existe bel et bien une autre raison, mais cette fois-ci inavouée, pour laquelle la Socapalm veut asphyxier le consommateur d'huile de palme "made in Cameroun" : LE FINANCEMENT DE SA POLITIQUE DE GESTION RESPONSABLE !!!
En effet, en décembre 2016, la SOCFIN, actionnaire majoritaire de la Socapalm, avait adopté une Politique de gestion responsable visant à corriger tous les manquements observés dans ses plantations de palmier à huile à travers le monde dont la Socapalm. La mise en œuvre de cette politique de gestion responsable nécessite, pour l'entreprise, de faire un certain nombre d'investissements assez coûteux notamment :
- La construction de nouveaux logements décents pour les travailleurs ;
- L'organisation de la rétrocession des terres aux populations riveraines conformément à l'Avenant N°1 au bail emphytéotique ;
- La modernisation de ses sites d'exploitation ;
- L'adoption et la mise en œuvre de certaines politiques environnementales contraignantes ;
- Etc...
Tous ces changements ont un prix et la Socapalm ne veut pas le payer de ses poches, mais veut piocher dans le maigre porte-monnaie de la ménagère camerounaise ! Voilà une entreprise qui se fait des bénéfices énormes et qui, selon nos sources à l'intérieur de l'entreprise, va battre des records de productivité en cette année 2017, mais qui pourtant use de dangereux stratagèmes pour ne pas mettre la main sur ses profits et financer ses propres projets et engagements unilatéralement pris. Les populations locales sont une fois de plus sacrifiées sur l'autel du "sacrosaint bénéfice" de la Socapalm !
Pressoir villageois
Une situation de crise évitée de justesse, mais pour combien de temps ?
Nul été la ferme opposition de la société civile (qui a démonté un à un les arguments de la Socapalm pendant la rencontre de concertation le 27 juin à Yaoundé), la Socapalm aurait pu induire en erreur le Ministre du Commerce qui s'est rendu compte de l'absurdité de la demande de l'entreprise et refusé d’accéder à sa requête. On pourrait même se demander si les actionnaires et dirigeants de la Socapalm n'essayent pas de déstabiliser le Cameroun car on pourrait aisément imaginer les conséquences de l'augmentation du prix de l'huile de palme sur les marchés locaux. Le Cameroun garde encore en mémoire les émeutes dit "de la faim" de février 2008 qui ont commencé à cause de l'augmentation subite du prix de certains produits de première nécessité. Pour l'instant, rien ne prédit une situation similaire. Mais on peut néanmoins s’inquiéter des possibles mesures que va prendre la Socapalm pour financer sa Politique de gestion responsable, et de leurs conséquences probables sur ses travailleurs et les riverains.