Le palmier à huile est considéré comme bien économique traditionnel, en raison de ses multiples usages ; toutes les parties, des racines aux inflorescences, y compris les sous-produits, sont utilisées à des fins d’alimentation (huile de palme, vin de palme) et de médecine traditionnelle (savon fabriqués à partir d’huile de palme et de palmiste, pommades à base d’huile de palmiste) et comportent des valeurs socioculturelles importantes.
Au Cameroun, l’exploitation du palmier par les communautés locales constitue un héritage social et culturel, la principale source d’huile alimentaire, et une importante source de revenus.
La culture du palmier à huile est entrée véritablement dans une phase de modernisation avec la création de la station IRHO (Institut de Recherche pour les Huiles et Oléagineux) de La Dibamba en 1947, la création de la SOCAPALM (Société Camerounaise de Palmerais) en 1968, la construction d’usines industrielles et la mise en œuvre d’un vaste programme de développement des plantations villageoises pendant les années 1970 et 1980 avec l’appui du Fond National de Développement Rural (FONADER) créé en 1973.
Mais faisons un peu d’histoire pour mieux cerner les contours :
1910 : création de la Société des Palmeraies de la Ferme Suisse (SPFS) à Edéa;
1929 : Unilever crée PAMOL PLANTATION SLTD (PAMOL) sur une concession de 10000 ha dans le département de Ndian;
1947 : la Commonwealth Development Corporation (COMDEV) est créée pour gérer les anciennes plantations allemandes du Sud-Ouest ; A l’Indépendance, COMDEV devient Cameroon Development Corporation (CDC);
1968 : le Gouvernement camerounais crée la Société des Palmeraies de Mbongo et Eseka, qui deviendra la Société Camerounaise des Palmeraies (SOCAPALM) avec l’adjonction des plantations de Dibombari et Kienké;
1974 : la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun (SAFACAM) qui gérait des plantations d’hévéas à Dizangue (Sanaga Maritime) depuis1897, décide de se diversifier et plante du palmier sur une portion de son territoire.
Une nouvelle page de l’histoire va commencer à s’écrire avec la crise des années 1980. On va assister à la faillite du FONADER en 1990. L’arrêt du programme de plantations villageoises, la rupture du partenariat entre les planteurs villageois et les agro-industries et le désengagement de l’État suite à la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel.
En 2000, la SOCAPALM sera privatisée. On va assister à l’émergence de nouveaux sites de développement du palmier, le développement spontané des palmeraies villageoises non encadrées et des presses artisanales, autre débouché possible pour les régimes des petits planteurs.La privatisation va créer de fortes tensions entre Socapalm et les riverains ; Socapalm et ses employés.
En 2009, des ONG camerounaises et européennes vont saisir le Point de Contact National (PCN) de l’OCDE pour exiger à Socapalm des réparations pour le préjudice subi par les populations et les travailleurs.
La plainte sera jugée recevable et les parties seront appelées à dialoguer sous la médiation du PCN. Un plan d’action verra le jour. Socapalm est appelée à ce jour à le mettre en œuvre, avec la bénédiction des actionnaires que sont Bolloré, Socfin et autres. Socapalm est appelé à remédier aux éventuelles incidences négatives découlant de son activité de production.